Bactérie Mycoplasma bovis : le sous-type majoritaire en France cache en réalité deux lignées
Une étude sur Mycoplasma bovis, une bactérie pathogène pour les bovins, a relevé la présence de deux lignées en France, alors que la population de bactéries du sous-type circulant majoritairement était considérée jusqu’à présent comme homogène. Cette découverte permettra d’améliorer la surveillance de cette bactérie.
La bactérie Mycoplasma bovis est une cause majeure de maladies respiratoires chez les bovins. Des scientifiques de l’unité mixte de recherche Mycoplasmoses animales, associant des scientifiques du laboratoire de l’Anses de Lyon et de VetAgro Sup, ont mené une étude sur l’évolution des souches de cette bactérie présentes en France entre 2000 et 2020. Il s’agit de la première étude d’ampleur sur des génomes complets séquencés de cette bactérie. Elle a été faite en collaboration avec des scientifiques de l’UMR Épidémiologie des maladies animales et zoonotiques (Inrae-VetAgro Sup) et a été financée par le réseau SAARA (réseau thématique de recherche pour la santé et le bien-être animal en région Auvergne Rhône Alpes).
« Grâce au réseau d’épidémiosurveillance des mycoplasmoses des ruminants Vigimyc, qui a été créé en 2003, nous disposons d’une collection importante de bactéries, explique Claire Becker, directrice de l’UMR Mycoplasmoses animales. Les laboratoires vétérinaires partenaires du réseau nous envoient les bactéries du genre Mycoplasma issues des prélèvements d’animaux malades pour l’identification de l’espèce bactérienne. Plus de 500 souches sont ainsi collectées chaque année. »
Deux lignées de bactéries et non une seule
Cette collection de souches a permis de mettre en évidence une évolution des Mycoplasma bovis circulant en France plus complexe que supposée : « Depuis le début des années 2000, il y a un sous-type de Mycoplasma bovis, appelé sous-type 2, qui circule majoritairement en France. Nous pensions que ce sous-type était homogène mais nous nous sommes aperçus qu’il y a en fait deux lignées distinctes » détaille Chloé Ambroset, co-autrice de l’étude et scientifique au sein de l’UMR. Ces deux lignées sont très proches génétiquement, ce qui explique qu’elles n’avaient pas été différenciées par les outils de détection habituels. « Cette découverte va nous permettre de développer des outils de détection moléculaire plus ciblés, pour pouvoir détecter l’émergence d’une nouvelle lignée de Mycoplasma bovis ». En effet, si les lignées présentes actuellement en France provoquent des symptômes identiques, il est possible qu’une nouvelle lignée apparaisse, avec des capacités de transmission ou un pouvoir pathogène différent.
Les recherches ont également éclairé les scientifiques sur les facteurs influençant l’évolution de Mycoplasma bovis. « En 2000, le sous-type 2 a supplanté le sous-type 1 présent auparavant en France grâce à sa résistance accrue aux antibiotiques, relate Chloé Ambroset. Notre objectif était de retracer la dynamique d’évolution de la population afin de préciser l’émergence et la diffusion du sous-type 2 en France. La dynamique de cette population montre en réalité deux lignées distinctes dont l’apparition serait liée à l’introduction de nouvelles souches lors de l’importation de bovins. »